Concours N°6 : L'ANGOISSE [les travaux]

Travaux reçus : 36 -> ( 16 photos, 8 dessins, 8 textes, 4 vidéos)


Photos :

Yamamura :



KRS :



Agnès :



Wonkygirl :



nonoho :



Maxe :



alpha :



43%[:b] :



[b]petit-nange :



Moi9 :



Silverwolf 4000 :



jubilee01 :



be-pop :



candy-eyed :



Dessin :

Mysticastral :



Plumy :



Clarabox :



Jeanpepe :



Linouuu :



Atanane :




Texte :

zeckl :

Angoisse perpétuelle.

On m’a enfermé ici parce qu’on pronostiquait d’étranges choses à mon égard. On m’a fait enfermer ici parce que je ne pouvais pas vivre au sein de la société. C’est comme ça. La sélection naturelle. Il y a ceux qui ne choquent pas la morale, ceux qui vivent de façon plus ou moins paisible. Et il y a les autres. Les gens comme moi. Les gens victimes d’une sorte de néo-darwinisme arrangé pour les bienfaits de la société. Parce qu’on ne doit pas être entendus. Parce que nos cris sont insupportables et nos regards alourdissant. Parce que nous sommes des rebuts.

Ca ne me gêne pas.

Ici ou ailleurs, on ne me comprend pas. Je ne me comprends pas. D’ailleurs, je ne comprends pas grand chose.

Je sais juste qu’on m’attache parce que je deviens fou. Je tape. Je tape et laisse des flots sortir de ma peau. C’est rouge. Ca sent mauvais. Alors c’est le rituel habituel. On me blinde de pilules de diverses couleurs. On me fait rentrer des choses dans la peau. C’est liquide et ça me paralyse.

Maintenant, j’ai peur de devenir fou. J’avais peur avant aussi. J’avais peur de moi, un peu. Maintenant j’ai peur des autres. J’ai peur de ce qu’on pourrait me faire. J’ai peur. Même si je n’existe pas, même si je n’ai aucune présence ni aucun reflet. J’ai peur, simplement peur. Peur de ce liquide paralysant qui me ronge de l’intérieur, qui me ronge le cerveau.

Qu’est ce que je fais là ? Hein ? Qui ? Pourquoi ? Qu’est ce que je fais là ? Combien de personnes sont dans mon cas ? Combien de personnes extra-lucides qui finissent par ne rien comprendre ? Combien de personnes qui ne connaissent plus la couleur de l’herbe ? Combien de personnes devenues des larves ? Combien en passe de le devenir ? Les diabolos-menthe existent-ils vraiment ? Est-ce que je suis une larve ? Est-ce que je vis encore ? Pourquoi j’ai envie de vomir ? Et le poulet rôti aux patates ? Et pourquoi m’asperge t’on de cette eau froide ? Pourquoi suis-je incapable de parler ? Pourquoi je cris ? Pourquoi je ne sais que crier ? Qu’est ce que c’est ? Pourquoi c’est chaud ? Aïe. Pourquoi je ne meurs pas ? Quelle heure est-il ? Où est-ce que j’ai mis mon bonnet ? Pourquoi est-ce qu’ils me tiennent en otage ? Est-ce que le soleil a une odeur ? D’ailleurs, les odeurs existent-elles encore ? Et les couleurs ? Pourquoi tout est blanc ici ? Pourquoi tout est sobre ? Combien de personnes sont dans cette prison ? Et combien n’en sont pas ? Combien sont en train de manger une de ces choses froides ? Pourquoi je ne vois plus rien ? Pourquoi on me laisse pas sortir ? Est-ce que j’ai encore un sexe ? Est-ce que je peux m’en servir ? Est-ce que je peux m’en servir sur cette femme aux longues jambes qui vient toujours gentiment me donner à manger ? Est-ce qu’on peut lobotomiser quelqu’un en l’attachant uniquement ? Est-ce que je peux sortir ? Pourquoi je n’ai plus mes besoins primaires ? Combien est-ce que je fais de kilos ? Rouge ? Non ? Blanc... blanc... blanc...

Pourquoi j’ai peur ?

A l’aide. Sortez moi d’ici.
J’ai peur. J’ai peur. J’ai peur.

Plouf.

kiky270281 :

- Sors. Mais sors j'te dis, allez! Mais putain sors, bordel!!!
Une petite forme patatoïdesque vole à travers la chambre et rebondis mollement sur le mur.
Et chut brutalement sur le sol, au milieu d'une dizaine de petite soeur.
Et je gueule, je peste, je rouène contre ce bout de plastique, épée des temps modernes, qui ce soir ne veut plus laisser sa marque.
Enfin si, une marque, il en a laissé le salopiot : une sorte de gribouillage, symbole de mon impuissance, autant de coups d'épée dans l'eau.
- Et si jamais...
- Non, non, n'y pense pas, elle va revenir.
- Mais que deviendrons nous, si...
- Non! Obéis moi pour une fois, ne me fait pas penser à ça, non!
- Et si jamais c'était finit? Si elle t'avait lâché? Elle mérite mieux que toi.
- Oui, c'est vrai. Je n'ai jamais compris pourquoi elle étais venue me voir...
- Elle ne reviendra pas. C'est finit. Abandonne.
- Je ne peux pas. J'ai besoin de ça, j'en ai besoin! Tu comprends!
- Je le sais bien, n'oublie pas que je suis toi, après tout.
- Ce que je sais c'est que j'ai l'air con à me parler à moi même!
Je crois que je viens de vexer mon cerveau, il ne me répond plus.
Je plaque rageusement le stylo contre le bureau, sors une autre feuille que j'aplatis tout aussi rageusement.
Mon regard fouille, farfouille, scrute, ausculte, la moindre chose, le moindre détail.
Haletant, je la cherche, désespéré. Est elle là? Ici? Ailleurs? Cachée. Disparue.
Un frisson. Elle n'est pas là. Non, elle n'est plus là. Alors j'attends.
Je ne suis plus qu'une statue, tel un bonhomme de neige attendant le soleil.
Le stylo en guise de balai, mes yeux ruisselant de larme remplaçant des gros boutons brillants arrachés au costume du grand père.
Mais cette même sensation d'abandon, d'angoisse face à cette fatalité : elle ne reviendra pas, et je vais fondre, disparaître.
Une goûte de transpiration dégouline déjà de mon front, glisse sur ma joue, se mêle à mes larmes s'écrase sur mon parquet.
Je fonds.
Le majestueux bonhomme verglacé se résumera alors à une flaque qui fait floc.
Et ma feuille restera blanche comme neige.


Yssan :
Corps brise... Ame perdue...

J’ouvre un œil, lentement, difficilement. L’idée même d’être réveillé me fait souffrir. Je tente de bouger, rien, rien du tout, je ne sens même plus mes membres inférieurs. Fatal éclair de lucidité, je ne rêve plus, il est temps d’affronter la réalité.
Les yeux sont ouverts mais ne voient rien, uniquement de l’ombre, toujours de l’ombre. Je tente d’ouvrir la bouche pour appeler de l’aide, une douleur fulgurante m’enlève tout espoir d’élocution. La vision se clarifie, je parviens enfin à identifier le lieu, non !! Impossible je dois être encore dans mon rêve, vite je dois me pincer, mes bras ne me répondent plus, mon corps semble s’être séparé de mon âme, seule cette foutue douleur au coin de la mâchoire. Je referme les yeux, je domine ma douleur et rassemble mes pensées, cri de désespoir mental, je n’arrive même plus à réfléchir, je me rendors, assommé par ces efforts.
Ivan me regarde, hilare, pour une fois qu’il me bat au poker, tant pis, ce n’est que partie remise, j’envisage un instant de redistribuer les cartes mais hélas, l’avion se pose à l’aéroport. Parole de Nat j’aurai ma vengeance.
Jean Michel me poursuit, une boule de neige à la main, le visage défiguré par la colère, mes membres commencent à fléchir mais mon esprit tiens la route, je parviens miraculeusement à éviter le projectile mais le russe m’arrête, j’ai perdu la bataille.
Il est sept heure du matin, troisième nuit blanche à la suite, je peine un peu à rester éveillé mais il le faut. Je grelotte un peu, je parviens difficilement à supporter le climat de Montréal, je dois tenir, au moins jusqu’à ce soir.
Nous descendons une grande avenue, on déconne, encore et toujours, j’en oublis presque mon manque de sommeil, mon estomac complètement vide et la température polaire. Je ferme les yeux.
Avec un effort surhumain je reviens à la réalité, allongé sur un lit d’hôpital, dans le couloir. Je ne comprends rien, quelques secondes auparavant je marchais dans la rue, que s’est t’il passé ? Je retrouve le contrôle de mes mains, je les observe, instant de panique, mes doigts sont rouges de sang. Je les porte à mon visage, une nouvelle fois cette vague de souffrance. Un cri de douleur retentis, après quelques secondes de surprise je découvre qu’il ne sort pas de ma bouche. Une femme agonise à deux mètres de moi, je voudrais l’aider mais je ne comprends même pas où je suis. Des infirmiers s’agitent autour d’elle, ils font quoi au juste ? Je ne comprends pas, spectateur isolé d’une scène irréelle. Après plusieurs minutes d’un ballet incessant le rideau se ferme, les hommes en blouse blanche recouvrent son visage, une âme s’est envolée. Elle est morte sous mes yeux mais je m’en moque, je ne comprends rien. Une femme se tourne vers moi, ouvre la bouche, me pose une question en anglais, je réponds poliment, dans sa langue, une Canadienne, je suis à Montréal. Satisfaite elle pousse le lit jusqu’à un ascenseur, nous descendons, je ne comprends toujours rien.
Nous parcourons de nombreux couloirs obscurs, je reprends peu à peu mes esprits, la douleur revient, plus lancinante que jamais. Le médecin m’arrête dans une petite salle, elle approche de moi, une piqûre à la main, déterminée. Le fluide traverse mes veines, brûlant tout sur son passage, puis, la douleur disparaît, aussi vite que mes pensées. Elle retire mon pansement, avec délicatesse, je la vois jouer à la couturière, sans rien sentir, sans rien comprendre.
Vient le moment fatidique, je la vois approcher, une radiographie à la main, enfin une réponse peut être, elle ne parvient pas à cacher son malaise, « ne t’en fait pas j’ai l’habitude des mauvaises nouvelles » mais aucun son ne sort, tant pis, j’essaie de sourire mais ma bouche ne m’obéit pas. Le médecin lève la radio à ma vue, je reconnais une mâchoire, ma mâchoire, tout semble coller, toujours aussi imparfaite puis, la vérité me saute aux yeux, impitoyable, je commence à comprendre sans vraiment l’accepter. La femme porte le coup de grâce en articulant deux mots sur un accent délicieux.
- Double fracture.


Kafein :

Je suis prostré sous le lavabo depuis des heures.

Je me rappelle pas de ce qu’il y avait, avant. Je comprends plus rien.

Mon menton me fait horriblement mal, encastré dans mes genoux. Et je ne sens plus mes bras, à force de serrer mes jambes contre mon torse. C’est un détail. Des bras, ça aide pas à se rappeler, et un menton non plus.

Je me souviens plus de rien. De rien du tout. Qu’est-ce que je fous là ?

Une araignée tisse sa toile entre les tuyaux, à côté de ma tête. Elle, elle sait pourquoi elle est là. Elle sait qui elle est. Mais elle s’en fout, elle a pas de nom à se rappeler. Une araignée, ça naît, ça tisse, ça bouffe et ça meurt. Elle s’en fout, si elle oublie des trucs. Une araignée amnésique, ça vaut bien une araignée normale.

Qu’est-ce que je fous là ?

L’araignée me nargue. Connasse.

Je suis comme fossilisé dans mon coin. Faut pas que je bouge. Surtout pas. J’ai trop peur. Je tremble de la tête aux pieds.

Mon nom ? Il est passé où ? Et est-ce que j’avais un nom, au moins ?

Est-ce que j’ai déjà vécu autre chose que cette position, sous ce lavabo, observé par cette araignée ? Est-ce que j’ai déjà parlé ?

Trop de questions. Mon cerveau refuse d’enregistrer les informations. Il ne faut pas, il ne faut pas, il ne faut pas. Mes hurlements restent bloqués dans mon ventre. Là, ils font encore plus mal.

Doucement, l’araignée amnésique tisse sa toile. Arrête. Arrête.

Je l’ai écrasée. Doucement, pendant qu’elle tissait sa toile. Ecrasée avec mes doigts. Broyée et étalée sur le carrelage.

Je suis le seul être vivant sous le lavabo. Suis-je le seul être vivant au monde ? Suis-je vivant ? Pourquoi je ne sais pas ?

Je suis tout seul. Je ne peux plus bouger. J’ai mal.

Le carrelage est glacé. Il fait aussi froid à l’intérieur de mon corps. Le vide, ça n’émet aucune chaleur. Je suis creux. Un creux plein de vide.

Je me rappelle pas. Je me rappelle même pas s’il y a des trucs à se rappeler.

Je suis prostré sous le lavabo, depuis toujours.

Vidéo :

Psykiwi : http://video.google.fr/videoplay?docid=-2725273909865474311&hl=fr

Moumine : http://alice.quillon.free.fr/angoisse.WMV

Luna-crok : https://www.youtube.com/watch?v=3wEQpJtlvSU

Moumine a écrit:

zeckl :

On m’a enfermé ici parce qu’on pronostiquait d’étranges choses à mon égard.

Cette pharse putain. Pas une simple phrase.
Cette amorce me rend dingue. Précisément sa position initiale qui lui donne une ampleur écrasante. La formulation? L'effet d'une courgette bio dans ton rectum.
Juste cette phrase. Tout est possible...

Zeckl m'a tué...

alors là, pour une fois, certains travaux m'interressent !

le texte de zeckl, j'étais à la limite de verser ma larme (bon, d'accord, je pleure devant seven heaven, mais bon) c'est du très bon texte, vraiment...
c'est sincere !

le travail de psyk' m'a beaucoup étonné aussi, ya un très bon rythme dans les images, et quelque chose comme une frénésie.. très bien réussie..
juste un tout petit truc, au milieu, c'est le rapport entre le personnage et le spectateur, qui me gene un peu.. mais autrement, c'est dla merveille..

oh punaise zeckl ton texte...

dés la 1ere phrase j'ai senti un boule au ventre monter en moi elle s'est bloqué a ma machoir

ça y est j'angoisse...

oh merci j'suis tout emu dis

Mais vous êtes fous ?



....

Je sais pas quoi répondre....

Edit: Psyki: joli travail d'images et de sons..... Je sais pas quoi en dire de plus.... On est dans ta tête là ?

J'aime bien ta photo KRS aussi ! ^^

ah bah.. je crois bien que vous etes dans ma tête là...

maaaaais non ne m'enfermez paaaaaas

Agnès superbe composition.
L'expression, la pose assise sur le bord du lit, je peux me reconnaitre dans cette photographie. (Je me comprends)

c'est vrai qu'on angoisse souvant dans le lit ou au bord du lit

Citation :

A l’aide. Sortez moi d’ici.
J’ai peur. J’ai peur. J’ai peur.

Plouf.

cette partie est à mon avis en trop dans le texte de zeckl... que j'ai beaucoup aimé en tout cas

celle d'agnes est vraiment exelente je trouve, vraiment simple mais ca marche vraiment, l'expretion du visage me donne presque des frissons
:clap:

Quel beau travail KRS!!
Tout simplement magnifique...

Le texte de mademoiselle zeckl est opressant... J'aime beaucoup

Ouaip zeckl il poutre ton texte, c'est du vécu?

le texte est vraiment flippant, bien construit et entrainant
il me fait un peu penser à la fin du livre 1984 de George Orwell

Une preference pour la photo de nonoho, joli mouvement fantomatique qui suggere parfaitement l'angoisse. Une zone d'ombre ethérée ...

Yamamura : J'adore ta compo (mais je capte pas bien bien la presence du mec aux lunettes )

Zeckl : texte pesant et déroutant ça marche pour moi

Psykiwi : C'est malade ton truc !

Je pense que le mec aux lunettes c'est la personification d'une sorte de... chose démoniaque qui pèse...

Sinon euh.... *trop flatée pour pouvoir dire des choses correctes* Merci infiniment... Euh...

Yamamura : Non, c'est pas du vécu. Je n'ai ni de pénis, ni de telles séquelles. Et si ça avait été le cas, je sais pas si j'aurais été capable de transposer une chose pareille.... je n'ai que 18 ans....

zeckl a écrit:

Je pense que le mec aux lunettes c'est la personification d'une sorte de... chose démoniaque qui pèse...

Sinon euh.... *trop flatée pour pouvoir dire des choses correctes* Merci infiniment... Euh...

Yamamura : Non, c'est pas du vécu. Je n'ai ni de pénis, ni de telles séquelles. Et si ça avait été le cas, je sais pas si j'aurais été capable de transposer une chose pareille.... je n'ai que 18 ans....

Tu sais je n'ai que 18ans également et j'ai déjà vécu ça.....

eh eh eh et pourtant je suis si seine d'espriiiiit


enfin j'crois

|[ Yamamura ]| a écrit:

zeckl a écrit:

Je pense que le mec aux lunettes c'est la personification d'une sorte de... chose démoniaque qui pèse...

Sinon euh.... *trop flatée pour pouvoir dire des choses correctes* Merci infiniment... Euh...

Yamamura : Non, c'est pas du vécu. Je n'ai ni de pénis, ni de telles séquelles. Et si ça avait été le cas, je sais pas si j'aurais été capable de transposer une chose pareille.... je n'ai que 18 ans....

Tu sais je n'ai que 18ans également et j'ai déjà vécu ça.....

Ceci expliquant cela.... Tu t'en es sortit.... Quoi dire de plus ? Je n'sais pas.

On peu se remmètre de tout!

Si tant est qu'on ait la force nécessaire en soit.

Magnfique Texte zeckl Bravo

Maxe a écrit:

Quel beau travail KRS!!
Tout simplement magnifique...

Le texte de mademoiselle zeckl est opressant... J'aime beaucoup

Merci le tiens est pas mal non plus

Va falloir que j'envoie un truc, parce là c'est trop bon, faut rabaisser un peu le niveau

Sinon, il ne semble avoir déjà vu la tof d'agnès il y a assez longtemps, si si, je l'ai même favée ^^

Vous êtes allés vachement vite

Moi j'en suis encore au début de mon dessin, c'est quand la deadline ?