(Bonsoir !)
Petite piqûre d'appel pour ceux qui n'auraient pas entendu parler du film :
Funny Games est un film réalisé par
Michael Haneke en Janvier 1998, dont l'histoire n'est autre que celle d'une famille en vacances qui va se faire séquestrer et torturer par deux jeunes hommes, qui leur rendaient alors "visite".
Funny Games U.S. n'en est que le
remake pur et dur, dans le sens où tous les plans et les séquences restent strictement les mêmes, les différences ne résidant globalement que dans les acteurs et la langue (le premier volet avait été signé de l'origine d'Haneke - autrichienne -, le second n'est autre qu'américain, vous l'aurez compris)...
En toute honnêteté, je suis surprise de ne pas avoir vu parler de ce film ici, en comparaison avec toute l'encre qu'il peut faire couler en ce moment... C'est à mon sens un emballement assez hypocrite - et que, malgré moi, je nourris en écrivant ce topic - car les films de Michael Haneke sont et restent pour la plupart passés sous silence. Mais il y a bien d'autres raisons pour, non pas boycotter (ôtez donc ce mot de votre bouche un moment), mais oser la critique de ce film.
Et puis d'abord, pourquoi ce remake ? Michael Haneke le confesse directement, c'était, premièrement, l'idée d'un producteur. Mais
évidemment, cette raison seule ne l'a pas poussé à un remake de son film, c'était pour lui l'occasion de retenter l'expérience, dont le but était de toucher un public anglophone, "
celui qui consomme le plus de violence au cinéma.", la première tentative ayant échoué.
Oui, la vocation de Michael Haneke est et restera toujours de
dénoncer la violence gratuite. Il va de soi que cette position est totalement compréhensible mais - et c'est là que je vous déconseille de me lire si vous adhérez à sa "propagande" -, en mon sens, Monsieur Haneke regroupe ici tous les méfaits d'un idéaliste en perdition - pour ne pas ajouter corrompu...
Evidemment, cinéma, drame, violence, dénonciation, tous ces mots affluent à notre bouche qui n'a plus qu'à dire, avec dévotion, "Orange Mécanique". Si tous les journaux se sont mis d'accord pour afficher la comparaison sur toutes les unes - on leur pardonnera, les temps sont durs pour la presse -, Haneke ne démord pas de ses ambitions de rédempteur et déclare "
Je suis très fan de Kubrick, mais je trouve qu’Orange mécanique est une erreur de calcul. La violence y est si spectaculaire – tellement stylisée avec les numéros de danse, etc – que vous êtes presque forcé de l’admirer.", suivi d'un blâme de la jeunesse qui se délecte de cette violence, a mal interprété le film de Kubrick, etc etc... Un réactionnaire mal baisé.
Je critique, mais sachez que j'ai été fan de Haneke,
jadis - il y a encore un mois, avant d'apprendre l'existence de ce remake. En 2003, j'étais dans cette petite salle du cinéma indépendant d'Avignon et je voyais son film
Le Temps du Loup. C'était en 2003 et pourtant je me souviens encore de tous les plans, de la violence qui y régnait, oui, mais bien plus subtilement et dans un but, à mon avis, bien moins lucratif... Quoique l'oeil avec lequel je l'ai vu m'apparaît aujourd'hui bien naïf.
Enfin, je n'ai pas encore vu ce remake, mais l'avis que j'en aurai m'est déjà connu. L'œuvre aura beau avoir du mérite, la pensée de l'auteur n'est, et cela reste un éternel débat, ici pas dissociable...
Voilà la bête !