Concours n°14 - Le vote !

Pins - Distorsion



Parchemin

Citation :

Le matin, Kilena était partit. Il n'avait pas emporté d'eau, ni de vivres, il n'en avait pas besoin. Il n'avait pris que sa canne, car les ans pesaient lourd sur son dos. Debout face au vent, il avait appelé les chants pour quitter les terres de sables. Loin, très loin dans le temps blanc, à la limite de sa perception, un bruit corrompait l'harmonie. En tant que gardien, Kilena devait y remédier, même si chaque voyage dans le temps blanc était plus douloureux que le précédent.

Là bas, tout était chansons, bruissements et persiflages. Les craquement, gémissements et chuchotis s'accordaient étrangement pour livrer à ceux qui savaient y accéder une étrange harmonie. Sauf en ce jour, où le bruit brisait les rythmes séculaires. Une plainte longue et douloureuse. Un cri déchirant le tissus sonore. Alors Kilena chanta. Il chanta ses pieds, ses intestins et son visage. Il fredonna ses bras encore vaillant et son coeur gorgé de sang. Il murmura ses yeux, sa rate et son anus. Ainsi, il avança dans le temps blanc.

Il traversa les ronflements du feu, les cliquetis de la glace et le sifflement du sable. Il suivit les jappements du vent et les ricanement de l'eau traîtresse. Et plus il avançait, plus le bruit grandissait. Même le grondement des pierres fut finalement couvert par les pleurs. Et a force de marcher, Kilena arriva au bout de son chemin. Devant lui, l'enfant jouait avec les sons, chantant doucement dans l'harmonie du monde. Alors Kilena comprit. Le bruit discordant qu'il poursuivait avec acharnement n'était autre que le gémissement de ses vieux os, usés par trop de marches. Souriant, le vieil homme remit alors sa canne au nouveau gardien, puis, s'allongeant sur le sol, il laissa le silence le prendre.

Kaukatsu

Citation :

Il n’y a pas de candeur
Pas d’adolescence.
Simplement, un bruit sourd
Un sifflement de train
Une dent qui grince.

Dans l’oreille, l’oreille droite
Quelque chose d’indicible
Qui se raconte tellement bien
Une aigreur à l’estomac,
Une vomissure en soi.

Il n’y a pas de temps de transition
Seulement l’ignorance complète
Et la Vérité, une et indivisible.
Ce bruit est l’instinct le plus parfait
De la conscience de notre ignorance.

Parce qu’il n’y a pas de salut, sans ça
Nous le sommes tous, tous animés
Le, lui, le chevalier errant, le bruit
Il passe dans le cloître de notre crâne
Et se marre, il rit rigole et picole.

Le saoulard, un soudard
D’un quelconque roi
Pire, un roitelet fantoche
Parce le pire c’est
Quand on a plus rien à perdre.

Yessaameh - Plop ?



Arno



Mr Jules



Ap'



Kiky



Silver et Makiling (cliquez sur l'image pour voir en taille réelle)

(Idée de Makiling, dessins de Silver, colorisation de Makiling sauf les deux cases du haut).


Nine - Alice

Citation :

Ploc.
Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, dix-sept.
Ploc.
Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, dix-sept.
Ploc...
Dix-sept secondes entre chaque 'ploc'. Une goutte d'eau qui s'écrase lamentablement sur le sol toute les dix-sept secondes.
Toutes les dix-sept secondes, une preuve que je suis vivante.
Ce robinet qui fuit est ma bouée de sauvetage. J'ai tenté plusieurs fois d'avancer à quatre pattes jusqu'à lui, mais les chaînes qui enserrent mes chevilles sont trop courtes. Pourtant je n'en suis pas loin. Je peux l'entendre...
C'est d'ailleurs bien tout ce que je fais ici. Entendre. Mes autres sens sont anesthésiés. La nourriture qu'on me sert a un goût de carton mouillé, dans l'air les seuls parfums qui flottent sont ceux de la javel et de ma sueur, le sol est plat et lisse, tout comme les murs. Et, évidemment, je ne vois rien. Je suis Alice, la fille aveugle. Enfin, pour l'instant je suis surtout Alice, la fille qui s'est fait enlever.
Selon mes approximations je suis enfermée ici depuis un peu plus d'une semaine. Je ne sais pas où je suis, ni qui me retient. Je ne sais pas non plus si j'ai affaire à un seul ou plusieurs ravisseurs. Je suis prisonnière d'un 'on'.
On ne me fait pas de mal, on me nourrit une fois par jour, on m'a même traînée jusqu'à une douche hier. On est terriblement silencieux, on ne parle pas, on ne fait même pas de bruit en marchant.
C'est sûrement ce qui me manque le plus ici. Il n'y a pas assez de bruit.
Après mon accident, je me réveillais souvent au milieu de la nuit et me mettais à hurler. J'avais beau ouvrir grand les yeux, mon monde restait noir, alors je criais pour me prouver que j'étais vivante.
Ici, c'est pareil, tous les sons sont bons à prendre.
Parfois, j'entends la cloche de l'église qui sonne les heures. Parfois non. Je suppose que ça dépend du sens du vent. Tout à l'heure, je l'ai entendue sonner les quatre heures. Du matin, je suppose. Depuis, il y a eu cinquante-deux plocs. Environ 4h15 du matin.
Passé l'état de panique des premiers jours, je me suis installée dans une sorte de torpeur cynique. Je suppose que c'est la parade de mon esprit pour éviter de sombrer dans la folie. Durant mes longues heures peuplées uniquement de gouttes d'eau heurtant le sol, j'ai eu largement le temps de remonter à l'origine de la situation actuelle.
Au début, je me suis dit que tout avait commencé quand j'avais entendu le véhicule s'arrêter devant moi, une semaine auparavant alors que je rentrais du lycée. Puis j'avais réalisé que ça avait plutôt commencé quand, trois ans plus tôt, mon père et moi avions eu cet accident de voiture qui lui avait coûté la vie et m'avait coûté la vue. Mais j'avais fini par comprendre que tout avait commencé le jour de ma naissance. Lorsque la jolie Alice, avec ses grands yeux bleus et ses superbes cheveux blonds avait vu le jour.
Parce que, au final, tout ça n'est pas dû à mon manque de réaction face au véhicule venu m'enlever. Ni dû à ma cécité m'empêchant de voir le ravisseur arriver. Non. C'est entièrement du fait de ce trop joli corps que je ne peux voir. On ne m'aurait pas kidnappée si j'avais été moche, normale ou invisible.
Voilà ce à quoi j'avais pensé, ces derniers jours, pour tromper l'ennui entre deux plocs. Je considère désormais toute cette situation avec un recul qui frise le je-m'en-foutisme. J'avais entendu quelque chose à ce sujet après l'accident. Ma psy m'avait dit que j'allais passer par cinq étapes de deuil pour pleurer mon père et la perte de ma vue. Apparemment ce théorème s'appliquait aussi à la perte de la liberté.
Ainsi, les deux premiers jours de ma captivité j'avais expérimenté le choc, puis le déni, me chuchotant à moi-même que c'était une blague, une erreur. J'avais rapidement enchaîné sur la colère, qui avait vite muté en une période de marchandage acharnée durant laquelle j'avais promis, supplié, menacé pendant des heures en espérant que mon geôlier m'entende. Puis l'abattement m'était tombé dessus, j'avais pleuré tout mon saoul, me repaissant du son de mes sanglots. Et voilà, je suis maintenant en plein dans la dernière phase, l'acceptation fataliste: si je suis là, c'est pour une bonne raison et personne ne viendra me sauver. Il ne me reste plus qu'à compter les gouttes et attendre patiemment que ce cauchemar prenne fin, d'une façon ou d'une autre.
Je suis prête. J'ai déjà fait le deuil de ma propre mort.

Mais l'instinct de survie chez l'homme est la faculté la plus développée. Alors, pendant ses dix-sept secondes je retiens mon souffle et prie de tout mon coeur pour entendre la prochaine goutte tomber.
Parce que si je n'entends plus rien, ça voudra dire que je suis morte.

Marvin

Dur a était le choix !
Mais voté j'ai !

Idem idem.
Au final, Parchemin est mon élue

le choix a été dur, concours de qualité!
parchemin tu m'as vraiment touchée

La planche de Silver et Makiling m'a tué, je vote pour ^.^

J'ai voté Arno.
C'est cool, y a de la participation à ce concours!!!

Dur choix, mais Pins a eu mon vote ^^


Merci Intrus et Kadah, je suis contente que vous ayez apprécié.

J'ai voté Pins mais tout est vraiment bien. Je suis épaté.

Nine.
Son texte est vraiment excellent, j'arrive pas à croire que tu ai réussi à sortir quelque chose d'aussi bon en si peu de temps! J'ai tout bonnement adoré, bravo. Et mention spéciale à Parchemin, j'aime toujours autant ton style, et au dessin d'Arno.

J'adore la photo de yessaameh mais je trouve qu'elle ne colle que faiblement au thème.
C'est pourquoi je vote nine qui m'a coulée sur place avec son texte magnifique

Je n'ai jamais été très doué pour les figures imposées..

Pins a eu ma voix.

Je vote Parchemin aussi, jm'attendais vraiment pas à cette fin, étrange mais touchant Bravo!

Arno, la simplicité de ce dessin déchire et répond parfaitement au sujet, mais bon, il a fallu faire un choix.

Yessah, j'adore la photo également, toute pleine de poésie, mais le mot qui me vient en la regardant est "musique", et non pas "bruit", notions très différentes en certains points
Ceci dit, tu fait partie de mes préférés, de mon top 3 avec Arno et Parch'!

nine, nine, nine !

My... déjà 6 votes pour moi? Bah euh... merci les gens.

Pareil

Je voterai quand je me serai motivé à tout lire/zieuter.

Mais on a jusque quand Chef, pour cliquer ?

C'est une question très pertinente, mon cher assistant. Je vous propose jusqu'au 22 mars.

Et au fait, j'ai voté pour Nine, même si je ne l'avais pas encore dit

Edit : J'ai hésité entre Nine et Yessa, dont j'aime beaucoup la photo. Je ne trouve pas qu'elle soit éloignée du thème. Quand je l'ai vue, j'ai presque entendu le plop des bulles qui éclatent.

Citation :

Pins a eu ma voix.

J'aime bien aussi le truc de Silver et Maki, j'ai bien rigolé

Par contre moi j'avais une idée et deux jours après je suis tombé sur une déviation qui reprennait pile poil l'idée (et en plus super bien fait) donc ça m'a un peu coupé dans mon caribou

La déviation en question de Sieur Davenit

Arg je suis carrément en retard pour voter ...
Bravo tout le monde.
Car je ne sais pas vous, mais moi j'ai trouvé la thématique pas simple (j'avoue je ne serais senti plus à l'aise avec le sujet 500ans avant/après)

Du coup chapeau à tout le monde.
Mon vote va à Marvin, j'aime beaucoup l'esprit guinguette, Montmartre de son affiche.

Euh.

Ayé.

Je vote pour le texte de Nine. Dis donc Ninounette, des trucs pareils, faut en pondre plus souvent hein. Le style et l'ambiance Nine, ni plus ni moins. Et comme j'aime...
(hop, favé, au passage)


Sinon, mention spéciale à Arno, bien cartoonesque, la typo choisie colle super bien, on croirait presque pouvoir toucher le bruit.
Au duo Chef/Boule de poils. Pasque c'est très con, et que ça me fait rire.
Et à Marvin, pasque c'est original, et bien fait.


Et aux autres, qui ont rendu un truc à temps... pas comme moi...

J'ai voté Silver et Maki, parce que ça m'a bien fait marrer et c'est super bien fait

J'assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la photographie.

Bien joué Ninou !