Film spanish (réalisation de J.A. Bayona) et mexicano (prod. de Guillermo "Pan" del Toro.)
Ah que j'aime le cinéma espagnol de genre contemporain, qui est certainement le meilleur depuis une poignée d'année et qui a volé le trône aux nippons qui stagnes comme jamais.
C'est donc avec une forte impatience que j'attendais ce film, grand prix et prix du jury SF à Gerardmer, nommé 14 fois aux Goyas (césars espingouin) et remportant 7 trophées; précisons également qu'il a fait le meilleur score historique au box office espagnol. Et franchement, quand on voit cette affiche digne d'une peinture de Goya ça fait grave carrément trop envie.
Mais commençons au début avec le synopsis:
Laura, une femme de 37 revient vivre dans l'orphelinat de son enfance avec Carlos, son mari, et Simon, leur fils adoptif atteint du VIH.
Mais la demeure trouble Simon, il a de plus en plus d'amis imaginaires et devient très violent.
Un jour simon agresse sa mère et disparait, plongeant sa mère dans l'hystérie; elle est persuadée qu'un mystère ce cache dans cet orphelinat et que simon y est toujours, caché quelque part.
Tout d'abord, ce film est vraiment une déclaration émouvante de la relation mère-fils, relation qui prend ici une forme de partie de ping-pong où chacun son tour renvois la balle à l'autre; même si Simon reste absent les 3/4 du film il ne cesse de dialoguer, par le biais de sa mère, avec le spectateur et les protagonistes.
D'ailleurs parlons en des protagonistes, le film repose entièrement sur les épaules cette bougre de Belen Rueda, actrice surtout connue sur petit écran et à la carrière peu garnie, et elle tient vraiment son rôle à la perfection, on pourra juste lui reprocher certaines scènes sur jouées mais dans l'assemble, chapeau! Pour ce qui est des autres acteurs, ils font offices de figurations.
Mais venant en au fait: le propos du film.
Déjà, ce film n'est pas facile d'accès, je n'ai jamais vu un film d'épouvante contemporain autant bourré de références: Saint-Agil, Del Toro, Polansky pour ne citer qu'eux. Deux références sont même partie prenante du film, le fameux Dark Water de Nakata, avec son jeu mère-fils et surtout Abandonnée de Nacho Cerdà qui avait amené au cinéma le thème du double morbide que le scénario cite carrément de vive voix ici, changeant du coup tout le cheminement du spectateur.
Car oui vraiment on se fait malmener dans cette œuvre. Passant sans prévenir du film de suspens au film de surprise, jouant avec tous l'histoire du film d'épouvante, jouant avec tous les codes de l'épouvante gotique et jouant également avec les codes esthétiques romantiques.
Le scénario est vraiment un bijoux, découpée en deux partie distingues:
Jouant la première partie du film avec le regard, pour à la moitiés du film, lors d'une scène symbolique où Carlos regarde Laura à travers la vitre de la voiture sans dire un mot, d'où seul les yeux sont visibles pour finalement remonter la vitre et partir, toujours dans le plus bref silence, nous retirent tous ce que le cinéma peut nous offre, à savoir la vue et l'ouïe.
Nous entrons donc dans la deuxième partie, le long et lent dénouement où nous savons éperdument que ce n'est plus la peine de réfléchir à chercher un sens, que maintenant tout ce que nous verrons sera figé et incontrôlable (symbolique du jeux enfantin du "un deux trois soleils", prenant ici une tournure dramatique), on se fait froidement replacer à notre rôle de spectateur, nous ne sommes plus les acteurs de la fin du film mais les victimes et nous nous devons de souffrir sans broncher.
Deux parties? me diriez vous, oui seulement deux, pas de synthèse ici; la fin venant se greffer au film sans le réfléchir, sans réellement le terminer finalement, la troisième partie c'est à nous de l'écrire avec la thèse et l'anti-thèse. On comprend que le "Ne racontez pas la fin" de l'affiche n'est pas un slogan naïf comme savent très bien le faire les films de la Fox, mais bien encore une pièce du puzzle, une action du jeu, jeu d'ailleurs qui est la plaque tournante du scénario.
De cette non-fin sort toute l'intelligence de ce film que Bayona a réussi avec génie, d'autres s'y était essayé avant lui mais en échouant naïvement (je pense notamment à Christian-jaque).
En résumé, s'il fallait décrire ce film par un schéma ça ressemblerait à une énorme toile d'araignée, où les acteurs principaux seraient le producteur, le réalisateur, les acteurs, le film et le spectateur, chacun se renvoyant la balle dans tous les sens et dans le chaos le plus total, en résulterait une forme abstraite solide comme de l'acier, qui pourtant se détruirait dés qu'on essaierait de se l'approprier.
Bref que dire mis à part que ce film est assez difficile d'accès, qui nécessite une certaine préparation, mais qu'il est une pure merveille. Il symbolise à lui seul tout ce que les Anderson, Balaguero et autre Cerdà amène au cinéma de genre depuis plus de cinq ans. Et vraiment j'espère que les espagnols arriveront à ne pas tomber dans la spirale de leur succès, qui a couté au japonais leur excellence il y a quelques années.
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{edit by Kiky} maj du titre